Le choc toxique est un syndrome qui survient quand la bactérie staphylocoque doré produit, dans le vagin, la toxine TSST-1 qui passe dans le sang. Des scientifiques français confirment que le risque de survenue est lié aux conditions d’utilisation de toutes les formes de protections périodiques internes, et recommandent de renforcer les messages de prévention liés au mésusage des tampons.

IL est plus que recommandé de suivre scrupuleusement les instructions d'usage en ce qui concerne les protections périodiques dites « internes » que sont les tampons et cups menstruelles. Une précaution en effet plus qu'indispensable pour prémunir les utilisatrices d'un syndrome du choc toxique, comme vient de le rappeler une équipe de chercheurs français dans une étude publiée dans la revue eClinicalMedecine. Le syndrome du choc toxique est lié à la présence d’une bactérie, Staphylococcus aureus ou staphylocoque doré, dans le microbiote vaginal de certaines femmes, producteur de la toxine TSST-1. Mais sa présence ne suffit pas, à elle seule, à expliquer la survenue d'un choc toxique.
Il faut par ailleurs que la femme porte une protection intravaginale et qu’elle soit dépourvue d’anticorps capables de lutter contre la toxine TSST1. Tous les ans, une vingtaine de cas de syndrome de choc toxique staphylococcique liés à l’utilisation de tampons périodiques sont signalés en France. Caractérisé par de multiples symptômes, notamment par une forte fièvre et des éruptions cutanées, ce syndrome peut conduire dans les cas les plus extrêmes à des défaillances multi-organes et au décès. Un cas a été particulièrement médiatisé, celui de la mannequin Lauren Wasser qui a dû être amputée de ses deux jambes et qui milite depuis pour une meilleure prévention de ce syndrome.
Un risque deux fois plus élevé après six heures d'utilisation
Pour les chercheurs, « il est essentiel d’identifier les facteurs de risque qui augmentent la probabilité pour les femmes de développer ce syndrome, d’autant que 60 à 80 % des Françaises seraient aujourd’hui concernées par le port de tampon. » Selon eux, le fait que certaines femmes naturellement porteuses du staphylocoque en cause ne développent aucune complication suggère que ce n’est pas tant le port de tampon en soi qui est problématique, mais plutôt un mésusage de celui-ci. Leur étude menée auprès de 180 femmes d'une moyenne d'âge de 17 ans a donc consisté à identifier les caractéristiques d’un usage de tampon associé à un risque plus élevé de syndrome de choc toxique.
Les chercheurs ont fait remplir un questionnaire à 55 jeunes femmes porteuses de tampons, ayant été victimes entre 2011 et 2017 d’un choc toxique, et à 126 femmes contrôles, n’ayant jamais souffert de ce syndrome. Les questions portaient notamment sur leur durée d’usage des tampons, leur lecture des instructions présentes sur la boîte de protections hygiéniques ou encore l’éducation qu’elles avaient reçue sur le sujet. Leurs réponses ont permis de constater que le risque de syndrome de choc toxique est multiplié par deux lorsque le port de tampon dépasse une durée de six heures, et par trois quand le tampon est porté toute la nuit : la durée d’usage peut alors atteindre huit heures ou plus.
A quand une composition affichée sur les emballages ?
Par ailleurs, le fait de ne pas lire les instructions sur la boîte de tampons ou de ne pas les suivre est également associé à un risque accru. « Aux États-Unis, la Food and Drug Administration (ndlr : Agence américaine du médicament et des produits de santé) recommande de ne pas dépasser 8 heures d’usage, et c’est généralement ce qui est indiqué sur les boîtes de tampons vendues en France. Notre étude est la première à remettre cette durée en question », souligne Gérard Lina, qui a dirigé l’étude. Les chercheurs insistent également sur la nécessité d’améliorer l'éducation des jeunes filles. « Si les mères sont capables d’expliquer l’usage du tampon à leurs filles, elles ne sont pas toujours bien informées sur le risque de choc toxique et sur comment le prévenir. »
Comme les femmes les plus touchées par le syndrome de choc toxique pendant les règles sont d'âge jeune, avec un pic autour de l’âge de 15 ans, la prévention repose aussi sur le fait d'inclure ce sujet dans les cours d’éducation sexuelle donnés à l’école. Enfin, les professionnels de santé le plus en contact avec ces jeunes patientes ont aussi un rôle à jouer, « afin de faire passer le message », concluent-ils. Renforcer l’information des femmes et des professionnels de santé sur le risque de syndrome de choc toxique menstruel était aussi la principale recommandation de l'Anses, dans un rapport publié en janvier 2020 suite à son expertise sur la sécurité des protections intimes menée deux ans plus tôt.
« S’agissant des emballages et notices, cette demande d’amélioration concerne en particulier les fabricants de coupes menstruelles, plus récemment arrivées sur le marché », atteste l'Agence. Les utilisatrices étaient quant à elles déjà invitées à respecter les règles d’hygiène liées à l’utilisation des tampons et coupes menstruelles, notamment la durée du port, et le fait de choisir une protection adaptée au flux. Outre cette agence sanitaire, de nombreuses utilisatrices et associations de consommateurs se sont adressées directement aux fabricants pour leur demander d'afficher plus clairement la composition de leurs produits mais aussi les avertissements vis-à-vis du SCT, sur l'emballage et/ou la notice.